Dans l’imaginaire collectif, un handicap s’arrête à la représentation du fauteuil roulant ou de la canne blanche. Or, plus de 85 % des handicaps déclarés sont invisibles. Contrairement aux handicaps moteurs, les handicaps invisibles sont quasi indétectables. Souvent incomprises, les personnes concernées n’en parlent que très rarement ; ce qui n’arrange pas leur cas, surtout que, dans le milieu professionnel, la plupart des collaborateurs ne sont pas au courant de leurs souffrances. Dans une démarche de sensibilisation aux handicaps invisibles au travail, il est essentiel d’apporter une explication précise à ce sujet souvent méconnu.
Handicaps invisibles, de quoi il s’agit au juste ?
Le concept du handicap invisible est un sujet complexe qui correspond à bien des situations de handicaps sensoriels, cognitifs et psychiques. Ce terme s’applique à des réalités très diverses puisque les troubles concernés ne sont pas comparables entre eux. Pour la sensibilisation ludique au travail, il convient donc de parler des handicaps invisibles et non de handicap invisible.
La plupart du temps, les personnes atteintes de handicaps invisibles ne sont pas reconnues comme étant des handicapées. Dans une situation au travail à titre d’exemple, certains collaborateurs ne comprennent pas les difficultés que ces personnes souffrantes peuvent rencontrer sur des tâches considérées comme simples. Pour eux, il est plus facile d’admettre ces déficits comme des défauts ou de mauvais traits de caractère (paresse, nonchalance, impulsivité, colère, etc.).
Exemples de handicaps invisibles dans des situations au travail
Les handicaps invisibles se présentent de plusieurs manières. Il peut s’agir :
- d’une maladie chronique et/ou invalidante comme le cancer, le diabète, la sclérose en plaques ou encore certaines maladies rares dont les pathologies se manifestent par intermittence. Pour l’intégration professionnelle des personnes concernées, une communication sur ces handicaps invisibles est essentielle
- d’un trouble cognitif comme la dysphasie, la dyslexie ou encore la dyspraxie. Ces handicaps sont confondus avec la maladresse, voire la déficience intellectuelle dans certains cas. Or, il se trouve que les personnes en situation de handicaps cognitifs sont, le plus souvent, de véritables atouts pour l’entreprise.
- d’un handicap psychique, dont la dépression, la schizophrénie ou encore les troubles phobiques. Cette catégorie de handicaps invisibles se caractérise par son aspect situationnel. Les troubles se manifestent ou non en fonction de l’environnement dans lequel la personne concernée évolue. Comme solution, la direction et la RH doivent être attentives aux signaux renvoyés par le collaborateur (épuisement, perte de confiance en soi, isolement, etc.).
- d’un handicap sensoriel, notamment la déficience visuelle, l’anosmie ou encore la surdité. De manière générale, ces handicaps invisibles nécessitent un aménagement du poste de travail. Il existe aujourd’hui de nombreux matériels technologiques qui permettent aux collaborateurs atteints de handicaps invisibles sensoriels de travailler en toute autonomie.
Tout le monde peut être touché par des handicaps invisibles à un moment de sa vie. La meilleure solution pour appréhender ce sujet délicat est l’information et la sensibilisation collaborateurs. À noter que dans le milieu professionnel, handicaps ou non, seules les compétences comptent.
Suite aux handicaps invisibles, quelles sont les difficultés rencontrées par les personnes concernées ?
En l’absence de manifestations physiques visibles, l’entourage est souvent bien moins sympathique à l’égard des personnes atteintes de handicaps invisibles. Cette « non-reconnaissance » affecte souvent la santé mentale de ces dernières. Le manque d’indulgence, mais aussi la mécompréhension des autres leur cause une grande détresse psychologique.
Dans la vie en société, les relations avec autrui des personnes atteintes de handicaps invisibles sont susceptibles de se dégrader. A titre d’exemple, elles peuvent être critiquées par les passants si elles stationnent sur une place réservée aux personnes en situation de handicap. Le fait qu’elles se déplacent normalement ne révèle en rien leur maladie chronique qui les empêche de marcher sans être rapidement épuisées. De même pour l’utilisation des toilettes pour handicapés, elles risquent d’être très mal vues en y entrant alors qu’elles doivent endurer de problèmes digestifs aigus.
La vie en entreprise s’avère également tumultueuse pour les personnes atteintes de handicaps invisibles. Craignant d’être licenciées, elles vont vouloir dissimuler leurs handicaps. D’ailleurs, elles peuvent susciter la jalousie des autres collaborateurs si la direction se décide à aménager leur poste pour qu’elles puissent exercer leur métier dans des conditions plus aisées.
La sensibilisation handicaps invisibles au travail suppose d’engager en amont le dialogue sur la souffrance vécue par les personnes en situation de handicaps invisibles. En verbalisant les problèmes, elles pourront se sentir davantage acceptées. Par la compréhension, les autres collaborateurs de leur côté feront preuve d’indulgence, de bienveillance et d’empathie. Trouver des solutions et compromis leur procurant confort au travail devient ainsi une possibilité. Pour ce faire, une démarche de Reconnaissance de Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) auprès de la Commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées est préconisée. Les personnes concernées pourront ainsi bénéficier d’un aménagement adapté et de mesures qui optimiseraient leur bien-être dans le monde professionnel.