Suis-je en train de faire un burn-out ?

Le travail, c’est la santé ?

*Le burn-out n’est pas sur de cette information !*

« Ce café va me rendre fou, cette journée me saoule, je suis en plein burn-out là. »

C’est ce que l’on peut entendre à la machine à café, un jeudi comme un autre. Le mot est en anglais, ça fait stylé. Alors, on en fait une blague, une amplification, mais malheureusement, c’est quelque chose qui n’est pas aussi simple.

Oui, on en lit des articles sur le burn-out, puis, on n’arrive pas forcément à comprendre ce que cela représente vraiment. Parfois, on en rigole et on minimise. On ne capte pas vraiment ce que ça entraîne, et on n’arrive pas vraiment à catégoriser ce phénomène.

Phénomène ? Nous ne disons pas « maladie »?

Et bien non, l’OMS ne déclare pas le burn-out comme telle puisqu’il n’y a pas de réelle définition scientifique. Mais cette anomalie est loin d’être rare, qualifiée parfois du « mal du siècle. » Et le burn-out n’est vraiment pas à prendre à la légère, car il est réellement handicapant, et peut empêcher les personnes qui en souffrent de travailler.

Milo, chargé de projets –

« J’ai 38 ans, une vie stable et une famille heureuse. J’ai toujours voulu avoir un poste à responsabilité, j’ai donc fait des études et j’ai beaucoup travaillé. En arrivant dans mon entreprise, j’étais épanoui, et mes dossiers m’ont passionné dès le début. De quoi me ravir ! C’était tellement sympa, et je ne voyais que le positif. Mais désormais, avec la crise de la covid en plus, je vois mon métier se transformer, les responsabilités tomber de plus en plus, les dossiers se multiplier (puis tomber à l’eau…), mes collègues deviennent désagréable, et je ramène mon stress à la maison. Enfin, mes dossiers aussi, hein, puisque je suis en télétravail parfois. Je traîne les pieds pour aller au travail, et chaque semaine, je me demande si la semaine suivante la boîte ne coulera pas. En fait, parfois, je préférerais. C’est désastreux à dire, mais je pleure souvent, je stresse, et je vois mon corps réagir. Ne pas dormir plus de 4h par nuit, penser à toutes les responsabilités qui ne se règlent jamais vraiment. Je n’ai plus envie. En plus, mon patron n’a jamais l’air pleinement satisfait. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? »

Milo est en plein burn-out. Il est en épuisement professionnel.

Mais comment apparaît le syndrome ?

Ce trop-plein professionnel s’organise autour de quatre étapes.

1. L’enthousiasme.

Prenons Milo. Sa carrière débute. Il est tellement joyeux, ambitieux, et pense que le monde lui appartient. C’est incroyable, de nouveaux objectifs arrivent chaque jour, et il les passe avec brio. « Mon travail, c’est ma vie » Milo est satisfait !

2. Le surinvestissement

Les efforts de Milo ne sont plus assez payants, et il ne voit plus de retours de ses supérieurs, comme si son travail n’était plus qualitatif. Et pourtant, on exige de plus en plus de choses de Milo. Alors, il double sa charge de travail, ne lâche plus son écran des yeux, mange même devant ses dossiers. Ça lui arrive aussi d’ouvrir son espace de travail le dimanche… Pour préparer la semaine !

Le sur engagement est un « trop » et comme chaque émotion ou chaque situation, si l’on bascule dans l’abus, on peut plus facilement sombrer, s’épuiser. Quand le travail devient notre vie, l’excès arrive rapidement. Mais il ne faut pas oublier qu’elle est faite de toute autre chose que le travail, le repos, les rires, les amis, la famille. Le football ?

3. La désillusion

La fatigue a pris le pas dans la vie de Milo, il est même totalement épuisé. Le lundi est un vendredi, et en réalité, chaque jour est un vendredi (pluvieux) dans sa tête. Ses dossiers ne sont jamais bouclés, et ils ne sont plus aussi qualitatifs. Traduction de ce qu’il se passe dans sa tête. Il ne dort plus vraiment, devient agressif et impatient.

4. Le burn-out

Nous y sommes : Milo a perdu tout intérêt pour son travail et pour ses collègues. Sa vie personnelle commence même à être impacté. Il n’a plus aucun courage et ne veux plus affronter quoi que ce soit. Il n’est plus capable de travailler.

Le burn-out est insidieux.

Tout cela est progressif. L’étape 4 arrive rapidement, et s’installe sans vraiment que l’on ne s’en rende compte… On enchaîne les 4 étapes, et on se dit que tout le monde passe par là. Tout n’est jamais que linéaire, et les périodes de stress au travail sont normales pour tout le monde. Puis, on se dit que ça ne peut arriver qu’aux autres.

Mais c’est réellement une rupture avec notre état intérieur :

  • Émotionnelle : anxiété, tensions musculaires, hypersensibilité, absence d’émotions
  • Cognitive : trouble de l’attention, de la mémoire, de la concentration
  • Comportementale : repli sur soi, agressivité, diminution de l’empathie, désengagement, baisse de motivation et du moral, doute sur ses propres compétences Physiques : troubles du sommeil, troubles gastro-intestinaux

 

 

Je crois que suis en burn-out : que faire ?

Tous ces symptômes ne doivent pas être pris à la légère, et si beaucoup d’entre eux se manifestent, ils ne faut pas attendre pour en parler à votre médecin, qui pourra vous délivrer un arrêt de travail s’il est nécessaire. Il vous orientera également vers un psychologue, voire un psychiatre. Il n’est pas rare pour vos médecins traitants de se mettre en lien (avec votre accord) avec le médecin du travail. Mais chaque cas est différent, et les dispositions sont adaptées en fonction du patient.

Le médecin du travail peut jouer un rôle clé dans votre situation puisque son rôle est « d’éviter toute altération de la santé du salarié du fait de son travail » et s’il considère que la dégradation de votre santé est en lien direct avec les conditions de votre poste, il peut demander des modifications, une mutation, un aménagement.

C’est pour cela que les médecins du travail existent. Ils sont notamment très sensibles à la question du burn-out depuis ces 20 dernières années.

Vous êtes entouré.e.s, et vous ne serez jamais seul.e.s, peu importe la situation. Comme toujours, pour qu’une situation soit comprise et traitée, il faut en parler, et ne pas avoir peur des conséquences. Votre retour au travail est souvent préparé en amont, encadré, et aménagé.

La santé avant tout !

Sources scientifiques :

Épuisement professionnel, burn out

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