Qu’est-ce que le harcèlement psychologique ?
Le harcèlement psychologique est surtout une dénomination utilisée au Canada ; en France, on parlera plutôt de harcèlement moral. Aux yeux de la loi française, le harcèlement moral et psychologique correspondent au même concept.
Formes de harcèlement
Le harcèlement moral, au encore harcèlement psychologique, est une conduite abusive, constituée par des gestes, paroles, comportements, attitudes, répétés ou systématiques, qui dégradent les conditions de vie et/ou de travail d’une personne.
Ces pratiques peuvent causer des troubles psychiques et physiques, mettant en danger la santé de la victime. Elles peuvent constituer une menace pour son évolution professionnelle.
Le harcèlement moral est une technique de destruction qui porte atteinte aux droits et à la dignité de la victime. Ces agissements sont interdits, même en l’absence de lien hiérarchique.
Signes et symptômes possibles du harcèlement psychologique
Plusieurs signes permettent de déterminer s’il y a ou non harcèlement psychologique.
Une victime de harcèlement psychologique peut être dans un fort état de détresse : crise de pleurs, difficultés à dormir ou s’alimenter, irritabilité et agitation, jusqu’à des tremblements, maux de tête, évanouissements. La personne est dans un fort état de fragilité.
Il est aussi possible de repérer le harcèlement psychologique aux évènements ayant lieu entre une victime et son harceleur : des tentatives d’isolement des autres, des brimades répétées, ou des “blagues” entravant les objectifs quotidiens de la victime. Le harcèlement peut aussi être perpétré par un groupe, via par exemple des mécanismes d’intimidation.
Quels sont les impacts sur les victimes ?
Le harcèlement psychologique a un impact non négligeable sur les personnes victimes. Ses conséquences affectent tous les aspects de la vie, qu’il s’agisse de la santé physique ou psychique, de l’évolution professionnelle ou des sphères privées.
Conséquences Psychologiques
Le harcèlement psychologique a des effets délétères sur la victime. La situation provoque sur le moment une grande souffrance à la personne, avec des troubles du sommeil ou de l’alimentation, pouvant amener à un stress intense associé à des douleurs physiques et des évanouissements. Ces effets peuvent se prolonger sur le long-terme malgré l’arrêt de la situation de harcèlement. La personne en souffrance devient plus fragile aux problèmes d’addictions, comme à l’alcool ou aux jeux d’argent. La personne peut en venir à mettre fin à ses jours.
Effets sur la vie professionnelle
Une victime de harcèlement psychologique peut se retrouver en difficulté professionnelle ; ces agissements peuvent l’empêcher d’effectuer son travail correctement et compromettre l’évolution de sa carrière, voire la mettre dans une grande détresse lorsqu’elle est à son travail.
Ce mécanisme a aussi un impact sur le reste de l’équipe ; l’ambiance est dégradée et les conflits inter-personnels répétés empêchent une bonne cohésion, donc d’avancer dans les missions.
L’organisation entière peut souffrir d’un contre-coup du harcèlement psychologique. Les équipes peuvent perdre confiance en leur entreprise, perdre en productivité et ne plus avoir envie de venir travailler. Bien plus, les impacts peuvent devenir financiers, soit en raison d’une baisse de production, soit à cause de répercussions légales.
Effets sur la vie personnelle
Le harcèlement a des effets dans diverses sphères de la vie, même celles non concernées par harcèlement initial. La personne victime peut subir des effets sur le long-terme : difficulté ou perte d’emploi, difficultés relationnelles, problèmes d’argent… Tous les pans de la vie peuvent se retrouver impactés. C’est un cercle vicieux qui s’installe, avec des retombées psychologiques et divers impacts négatifs sur la vie.
Comment savoir s’il s’agit de harcèlement psychologique ?
Quatre signes principaux permettent de reconnaître le harcèlement psychologique, et de le différencier d’une situation conflictuelle classique.
Répétition
Les actions et comportements de l’agresseur doivent être répétées dans le temps. Le nombre d’itération pour reconnaître le harcèlement psychologique dépend aussi de la gravité des faits. La répétition n’est pas forcément un élément caractérisant si l’agression perpétrée a été d’une gravité telle qu’elle a des effets importants à long-terme sur la victime.
Comportement
Le second signe caractérisant le harcèlement psychologique sont les comportements déplacés, appelés comportements vexatoires. Ils ne sont pas sollicités par la victime, et expriment une hostilité envers elle. Ces comportements par exemple retirer les moyens de travailler à une personne, ne pas inviter une personne aux déjeuner extérieurs entre collègues, ne pas saluer le matin, ne formuler que des critiques négatives sur le travail et bien d’autres comportements encore. Ces pratiques sont une manière d’isoler la victime, de l’empêcher de travailler, et d’impacter négativement son moral et son estime de soi.
Atteinte à l’intégrité
La victime souffre d’une atteinte psychologique, pouvant aller d’une forte baisse d’estime de soi à des symptômes exprimant de l’anxiété. Plusieurs signes permettent d’alerter sur l’état de la personne, comme des pleurs répétés, une perte d’appétit, des troubles du sommeil, ou un état facilement irritable et agité.
Dans le quotidien
Le contexte où a lieu le harcèlement est aussi impacté. La victime ne peut plus se retrouver sur le lieu en question sans souffrir mentalement ; difficulté à s’y rendre, grand malaise lorsque la personne s’y trouve.
Les difficultés ressenties au quotidien par la personne victime ne l’affecte pas que sur les lieux où se trouve la dynamique de harcèlement. La souffrance ressentie peut s’exprimer dans toutes les sphères de la vie, et les impacter.
Comment réagir face à des cas de harcèlement psychologique ?
Il existe deux leviers d’action principaux contre le harcèlement psychologique ou moral : la prévention et la justice.
Mesures préventives
La prévention peut être mise en place à différents moments-clés.
La prévention primaire correspond aux pratiques mises en place avant l’identification d’un risque de harcèlement. Il s’agit de trouver une manière d’avertir les personnes autour de soi que cette pratique existe, comment elle peut se mettre en place et informer sur les signes permettant de détecter une telle situation.
La prévention secondaire est une démarche similaire, alors qu’un risque de harcèlement a déjà été identifié. Il est important de sensibiliser les personnes concernées aux risques et les aider à désamorcer la situation. Les incivilités entre deux personnes, ou plus, peuvent être un premier signe que du harcèlement psychologique se met en place.
La prévention tertiaire correspond quant à elle à des actions mises en place alors que le harcèlement psychologique est avéré ; il convient alors de faire en sorte qu’il ne se reproduise pas. L’organisation concernée doit activer des mesures adéquates en fonction du contexte, par exemple, prononcer des sanctions à l’encontre de l’agresseur et recréer un environnement de travail serein pour la victime. Cette démarche peut s’accompagner d’une campagne de sensibilisation afin que chacun soit conscient du risque et que tous veillent à ce qu’il ne se reproduise plus.
Types de démarches légales
Les démarches légales diffèrent en fonction du pays. On parlera de harcèlement moral en France, et de harcèlement psychologique au Canada. En France, le harcèlement moral est entré dans le droit en 2002 par la Loi de modernisation sociale. Les sanctions encourues par un harceleur vont jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. En cas de harcèlement au travail, il est possible de prendre contact avec le médecin du travail, ou son employeur directement, pour obtenir de l’aide. Il est aussi possible de porter plainte.
Le code du travail canadien protège les employés des situations de harcèlement psychologique au travail et l’employeur a un devoir de protection envers ses salariés. L’entreprise doit avoir une politique contre le harcèlement au travail, qui permet d’orienter les plaintes en interne. Cette procédure doit être à disposition des salariés. La personne victime de harcèlement peut aussi demander de l’aide à son syndicat. Il est possible de formuler une plainte auprès du CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé, et de la sécurité au travail). La commission peut aussi proposer des services de médiation au besoin. Si l’enquête de la commission permet de mettre en avant que la plainte est fondée, le dossier est transmis aux affaires juridiques et la personne victime peut être représentée gratuitement par un avocat de la CNESST. Enfin, il est possible d’aller porter plainte directement auprès de la police.
Le cas du cyberharcèlement
Le cyberharcèlement correspond au harcèlement subi en ligne, sur internet. En France, il est possible de demander aux réseaux sociaux d’intervenir sur les messages ou les posts problématiques. Si cette intervention ne suffit pas, la personne victime de harcèlement en ligne peut signaler le contenu sur la plateforme Pharos. Enfin, il est possible de porter plainte pour cyberharcèlement. Il est conseillé aux personnes victimes de constituer un dossier de preuves, contenant des traces des atteintes répétées.
Comment prouver le harcèlement psychologique ?
Il est important de garder des traces des événements récurrents qui constituent le harcèlement ; qu’il s’agisse d’appels téléphoniques enregistrés, d’échanges de messages, de mails… Il est possible de faire constater les impacts délétères du harcèlement psychologique par un médecin. Toutes ces traces vont permettre de caractériser le harcèlement auprès des autorités. Si vous avez assisté à des conduites de harcèlement, vous pouvez apporter votre témoignage pour appuyer les propos de la victime.
Comment aider quelqu’un qui est victime de harcèlement psychologique ?
Si vous êtes témoin, vous pouvez dénoncer l’auteur des faits. Le code du travail en France protège les témoins de harcèlement moral. “Selon l’article L1152-2 « aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, [….] pour avoir témoigné de [faits de harcèlement moral] ou les avoir relatés ».” Vous pouvez également apporter votre soutien en accueillant sa parole et éviter l’isolement de la victime.
Comment différencier le harcèlement psychologique d’un conflit normal ?
Dans le monde du travail, il peut arriver d’avoir des comportements problématiques surtout dans des situations de forte pression. Ce qui distingue un simple conflit d’un cas de harcèlement moral, c’est la répétition, ou non, de ces comportements inappropriés et la nécessité d’y apporter une correction. Le harcèlement moral se distingue par sa répétition, voire sa systématicité. Ces attitudes ne sont pas à prendre à la légère car elles ont un impact réel sur la vie de la personne ciblée. Les comportements hostiles du harceleur sont subis par la victime et cette dernière n’est donc pas tenue de les verbaliser pour que le harcèlement cesse. Ces agissements portent atteinte aux droits et à la dignité de la victime.
Informations importantes sur le harcèlement psychologique
Conseils professionnels
Si vous êtes victime de harcèlement, plusieurs options s’offrent à vous. Tout d’abord vous pouvez alerter vos interlocuteurs dédiés au sein de votre entreprise (RRH, manager, médecine du travail, représentants du personnel).
Il vous est également possible de faire appel à des personnes externes à l’entreprise comme votre médecin traitant ou encore des organismes spécialisés qui sauront vous soutenir, vous informer sur vos droits et vos possibles recours en justice. De plus, le gouvernement met en place “des maisons de la justice et du droit », vous pouvez aller sur le site du gouvernement afin de voir où se situe la plus proche de chez vous.
Enfin vous pouvez entamer des actions en justice.
Témoignages et soutien
Au cours d’une recherche exploratoire (Lucena et al., 2019b) menée dans un hôpital public au Brésil, 25 membres d’une équipe d’infirmiers ont été interviewés car ils avaient été témoins de situations de harcèlement moral.
Les participants ont été exposés à des situations-types sur le harcèlement et il leur a été demandé d’identifier de quel genre de comportement il s’agissait. Deux cas principaux ont été remontés.
- Des situations humiliantes et embarrassantes, par exemple :
« Ma collègue, alors qu’elle était en soins ambulatoires, a été humiliée devant les patients et on lui a crié dessus devant tous les étudiants et résidents. Elle a été traitée avec des mots et un ton de voix qui l’ont humiliée et embarrassée, elle a été traitée de stupide et d’inexpérimentée. »
- Des critiques incessante du travail de la victime, comme le montre l’exemple suivant :
« Les gens la traitaient de stupide, d’inexpérimentée ; parce qu’elle voulait mesurer les signes vitaux du patient et les autres collègues ont dit que c’était idiot ».
Lucena, P. L. C., Da Costa, S. F. G., Batista, J. B. V., De Araújo, E. L. M., Soares, C. C. D., & Rolim, R. M. G. C. (2019b). WITNESSES OF MORAL HARASSMENT IN NURSING : IDENTIFYING CHARACTERISTICS OF THE PHENOMENON, FEELINGS, AND COPING STRATEGIES. Reme (Impresso), 23.
À noter que des témoignages de victimes de harcèlement moral peuvent être consultés en ligne, sur des forums spécialisés par exemple. Si vous êtes victime de harcèlement moral, cela peut vous permettre de comparer votre cas avec des situations avérées de harcèlement moral.
Comment se former contre le harcèlement avec Reverto ?
Reverto propose des solutions pour sensibiliser contre les RPS. Par exemple, avec la solution sur le harcèlement moral, vous vous plongerez successivement dans la peau d’un manager et de sa collaboratrice confrontés à des situations de harcèlement au sein de leur organisation. Entre injonctions contradictoires, désorganisation et dégradation des conditions de travail, vous découvrirez les mécanismes subtils et délétères du harcèlement moral et comment il est susceptible de s’installer dans une organisation épuisée. Vous apprendrez aussi quels sont les soutiens, les droits et les enjeux. La méthode Reverto repose sur la génération d’émotions et les sciences cognitives, favorisant ainsi une mémorisation durable.
